On ne peut rêver la couleur en soi. On rêve le bleu du ciel, le rouge de la flamme ou le blanc de la neige. La rêverie de la couleur engage toujours l’imagination matérielle, celle qui rêve les matières élémentaires, eau, air, terre ou feu, qui pénètre dans leur intimité pour en retrouver la dynamique.
L’artiste associe le rouge à l’air. Cela peut sembler paradoxal dans la mesure où, traditionnellement, le rouge symbolise le feu. En réalité, la dynamique du feu est bien présente dans cette œuvre : mouvements ascensionnels, étincelles issues d’un noyau de feu central, tâches constellantes. L’air embrasé, alliance d’air et de feu, semble solliciter l’imagination de l’artiste.
Dans les images aériennes, comme dans toutes les images matérielles, s’expriment certaines valeurs psychiques. « L’air est la substance même de notre liberté », écrit Bachelard. Lorsque la dynamique du feu s’allie à celle de l’air, alors se manifeste une volonté ardente de liberté.
Diverses tentatives pour s’affranchir des limites du support, coulées en bordure de toile, lignes fuyant au-delà du tableau, témoignent du désir de s’approprier un espace infini, caractéristique de l’imagination aérienne. Peut-être, le rouge rappelle-t-il à l’artiste les limites de cette liberté. N’est-il pas, dans notre culture, la couleur de l’interdit ?
Du jeudi 17 avril au vendredi 16 mai – Mardi de 14h à 19h et le mercredi, jeudi, vendredi et samedi de 10h à 19h
La Galerie des Pentes – 35 rue René Leynaud 69001 Lyon